Les huit coups de l’horloge – Maurice Leblanc

Résumé : L’un des événements les plus incompréhensibles de l’époque qui précéda la guerre fut ce qu’on appela l’affaire de la Dame à la Hache. La solution n’en fut pas connue, et elle ne l’eût jamais été si les circonstances n’avaient pas obligé le prince Rénine – devons-nous dire Arsène Lupin ? – à s’en occuper, et si nous n’en pouvions donner aujourd’hui, d’après ses confidences, le récit authentique… Le mobile ? les cinq femmes avaient été entièrement dépouillées de leurs bijoux, porte-monnaie et objets de valeur. Mais on pouvait aussi bien attribuer le vol à des maraudeurs et à des passants, puisque les cadavres gisaient dans des endroits déserts. Devait-on supposer l’exécution d’un plan de vengeance, ou bien d’un plan destiné à détruire une série d’individus reliés les uns aux autres, bénéficiaires, par exemple, d’un héritage futur ?

Note personnelle : ★ ★ ★ ★ ☆

Avis : Le livre comprend huit histoires et commence ainsi :

Les huit histoires me furent contées jadis par Arsène Lupin, qui les attribuait à l’un de ses amis, le prince Rénine. Pour moi, étant donné la façon dont elles sont conduites, les procédés, les gestes, le caractère même du personnage, il m’est impossible de ne pas confondre les deux amis l’un avec l’autre. Arsène Lupin est un fantaisiste aussi capable de renier certaines de ses aventures que de s’en accorder quelques-unes dont il ne fut pas le héros. Le lecteur jugera.

Extrait de « Les huit coups de l’horloge » – Maurice Leblanc

Bien entendu, je n’ai lu cet extrait qu’à la fin des huit histoires (#boloss) et pourtant j’ai, dès la première nouvelle, pensé que Lupin et Rénine étaient la même personne. Voici un extrait de première histoire intitulée « Au sommet de la tour » :

Elle regardait Rénine avec cet étonnement que l’on éprouve en face de certains êtres différents des autres, plus capables d’actes inaccoutumés, plus généreux et plus désintéressés. Elle se rendait parfaitement compte qu’il agissait sans arrière-pensée ni calcul, simplement, comme il le disait, par devoir de galant homme envers une femme qui se trompe de chemin.

Extrait de « Au sommet de la tour » – « Les huit coups de l’horloge » – Maurice Leblanc

Ce début nous raconte l’histoire d’Hortense Daniel, une jeune femme orpheline, mariée au neveu par alliance du comte d’Aigleroche, neveu qui, au passage, est fou (et interné). Elle tente de s’échapper au bras d’un homme pour lequel elle n’éprouve aucun sentiment amoureux. Alors qu’ils quittaient le domaine, leur voiture est attaquée, trois pneus sur quatre sont crevés, elle se voit forcée de rester au moins jusqu’au lendemain. Ce passage m’a d’ailleurs fait sourire lorsqu’Hortense prononce cette phrase :
« – Je ne vous en veux pas. Mais, sapristi, quand on enlève une femme, on ne crève pas, mon cher. À tout à l’heure.« 
Elle se retrouve donc en compagnie du Prince Rénine et explore un château abandonné.

Un autre extrait, qui est à mes yeux le début de « l’énigme », que Rénine résout avec tant de facilité que cela en est déconcertant (je préfère finalement les échanges entre Rénine et Hortense #JeVeuxBienDevenirTaCompagneDaventures que l’énigme) :

Ils entendaient, non loin d’eux, un bruit sec, le bruit d’un petit choc revenant à intervalles réguliers, et il leur suffit de prêter l’oreille avec attention pour reconnaître le tic-tac d’une horloge. Vraiment oui, c’était cela qui scandait le grand silence du salon obscur, c’était bien le tic-tac très lent, rythmé comme le battement d’un métronome, que produit un lourd balancier de cuivre. C’était cela. Et rien ne pouvait leur paraître plus impressionnant que la pulsation mesurée de ce petit mécanisme qui avait continué de vivre dans la mort du château…

Extrait de « Au sommet de la tour » – « Les huit coups de l’horloge » – Maurice Leblanc


En commençant la seconde histoire ou le second chapitre, intitulé cette fois « La carafe d’eau », je me suis rendu compte que les personnes étaient les mêmes et que l’histoire se suivait. Je pensais qu’il s’agissait de huit histoires indépendantes (et elles le sont en un sens) mais finalement Rénine fait réellement d’Hortense sa compagne d’aventures.

Elle murmura, frappée par ce qu’il y avait en lui de puissance et d’autorité :
– Qui donc êtes vous ?
– Un aventurier, pas autre chose. Un amateur d’aventures. La vie ne vaut d’être vécue qu’aux heures d’aventures, aventures des autres ou aventures personnelles. Celle d’aujourd’hui vous a bouleversée parce qu’elle touchait au plus profond de votre être. Mais celles des autres ne sont pas moins passionnantes. Voulez-vous en faire l’épreuve ?
– Comment ?
– Soyez ma compagne d’aventures. Si quelqu’un m’appelle au secours, secourez-le avec moi. Si le hasard ou si mon instinct me met sur la piste d’un crime ou sur la trace d’une douleur, partons tous deux de compagnie. Voulez-vous ?

Extrait de « Au sommet de la tour » – « Les huit coups de l’horloge » – Maurice Leblanc

Commence ensuite la troisième et certainement la plus touchante de ces nouvelles « Thérèse et Germaine ». Cette nouvelle se passe à Étretat et se penche sur le meurtre d’un homme, que l’on retrouve mort, seul et enfermé dans une cabine sans que personne n’ait vu l’assassin. Bien entendu Lupin, pardon Rénine, découvre le pot aux roses (franchement, cette expression était bien plus sympathique quand je croyais qu’il s’agissait d’un poteau rose…). C’est une nouvelle qui pour moi parle de culpabilité, d’abnégation et d’amour. Les plus pessimistes d’entre nous conviendront que ces deux derniers mots veulent parfois dire la même chose.

Casino JOA d'Étretat

Casino JOA d’Étretat (France)

« Ils étaient assis sur la terrasse du casino, en face de l’escalier qui descend à la plage. »
Extrait de « Thérèse et Germaine » – « Les huit coups de l’horloge » – Maurice Leblanc.

Enfin les histoires suivantes s’enchaînent, avec chaque fois un dénouement, j’allais dire heureux mais je suppose que cela dépend pour qui. Puis vient enfin la sixième nouvelle… Et là surprise, c’est Hortense qui est enlevée. Et pas par n’importe qui. Non, non, non. Elle est enlevée par « La Dame à la Hache ». Bien entendu Rénine va se porter à son secours. Cette dernière ne se rend pas immédiatement compte du danger auquel elle vient d’échapper, c’est dans une lettre qu’elle va remercier son sauveur. Puis enfin, dans la huitième nouvelle, Rénine tient sa promesse et retrouve l’agrafe de corsage de sa belle qui lui tombe dans les bras. THE END.

Les nouvelles n’étaient pas toutes aussi intéressantes les unes que les autres, mais l’amour naissant entre Rénine et Hortense réussissait toujours à me captiver quand l’énigme n’était pas à la hauteur.

Lu dans le cadre du Pumpkin Autumn Challenge 2021, menu « Automne des mystères », catégorie « Le destin perdu » (Temps, horloge, énigme, puzzle, historique, steampunk).

Bonne lecture ! Signé C.

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Le chuchoteur – Donato Carrisi

Résumé : Cinq petites filles ont disparu. Cinq petites fosses ont été creusées dans la clairière. Au fond de chacune, un petit bras, le gauche. Depuis le début de l’enquête, le criminologue Goran Gavilla et son équipe ont l’impression d’être manipulés. Chaque découverte macabre les oriente vers un assassin différent. Lorsqu’ils découvrent un sixième bras, appartenant à une victime inconnue, ils appellent en renfort Milla Vasquez, experte en affaires d’enlèvement. Dans le huis clos d’un appartement, Gavila et ses agents vont échafauder une théorie à laquelle nul ne veut croire…

Note personnelle : ★ ★ ★ ☆ ☆

Avis : Décembre 2020 : Cher journal, haha, vous comprendrez plus bas. J’ai eu du mal à me mettre dedans. L’auteur n’y est pour rien sachez-le ! Il y a deux facteurs qui ont altérés mon expérience de lecture, et qui sont à prendre en compte avant de lire cet avis. Premièrement, le pauvre passe après un Grangé et un Hayder, que j’admire pour la fluidité de leur écriture. Ici nous avons un style un peu plus « dense », plus de métaphores peut-être, plus de personnages, je ne sais pas exactement pour quelle raison je l’ai trouvé moins digeste (au début en tout cas). Deuxièmement mon état physique et psychologique durant la lecture n’était pas le meilleur. Il se trouve que j’ai tourné les premières pages dans un état de fatigue intense, affectée par un nouveau confinement et ses conséquences.

Avril 2021 : Cher journal, it’s me again ! Cet article prends des allures de journal intime avec ces longues pauses. En effet, je continue l’article plusieurs mois plus tard, et pourtant, je n’arrive toujours pas à entrer dans le roman. Je lis quelques pages de temps en temps. J’ai bien essayé de me poser pour lire, mais rien à faire. Je n’arrive pas à m’attacher à ces deux personnages principaux, Goran et Mila, deux écorchés vifs, sur les traces d’une personne que j’assimile à Dexter (oui oui, celui de la série. Probablement parce qu’il leur livre des tueurs en série…). Je ne vois vraiment pas où Donato Carrisi veut nous emmener.

Juillet 2021 : Cher journal, j’ai enfin terminé. Je comprends maintenant où il voulait aller, haha. Je me suis habituée à son style durant la seconde partie du roman, mais il aura fallu attendre les dernières pages pour comprendre vraiment son génie. Cela dit ! Il est passé un peu vite sur les parties les plus intéressantes, comme l’histoire de Goran… Et il nous laisse sur un mindfuck. Même sans le savoir, il est facile de s’imaginer que ce roman a une suite. En somme, je ne peux pas décemment parler de ce livre. Il n’est qu’un début, ou, il est un début…

Octobre 2021 : Cher journal, je vais publier ! 😂 Le souci, c’est que pour l’instant je n’ai rien à dire. Ce premier tome pose les bases sur la suite. Nous verrons ce que je pourrais en dire quand « L’écorchée » aura rejoint ma bibliothèque (et ma longue liste des romans lus).

Anecdote : Livre d’occasion, trouvé chez Boulinier Bonne Nouvelle. 🥰

Bonne lecture, Signé C.

Le bonhomme de neige – Jo Nesbø

Résumé : Oslo, novembre 2004, la première neige tombe sur la ville. Dans le jardin des Becker, un bonhomme de neige fait irruption, comme sorti de nulle part. Le jeune fils remarque qu’il est tourné vers la maison et que ses grands yeux noirs regardent fixement leurs fenêtres. Dans la nuit, Birte, la mère, disparaît, laissant pour seule trace son écharpe rose, retrouvée autour du cou du bonhomme de neige… Dans le même temps, l’inspecteur Harry Hole reçoit une lettre signée «le bonhomme de neige» qui lui annonce d’autres victimes. Plongeant son nez dans les dossiers de la police, Harry met en lumière une vague de disparitions parmi les femmes mariées et mères de famille de Norvège. Toutes n’ont plus donné signe de vie le jour de la première neige… D’une sobriété étonnante, Harry Hole va se retrouver confronté, pour la première fois de sa carrière, à un tueur en série agissant sur le territoire norvégien et qui le conduira jusqu’au gouffre de sa folie…

Le bonhomme de neige image

Note personnelle : ★ ★ ★

Avis : Le retour du running gag du blog. J’ai lu ce roman en pensant être en présence d’un « one-shot » mais il se trouve qu’il est le 7ème de la saga (Inspecteur Harry Hole). Cette fois, ma boulette n’est pas restée sans conséquence… Figurez-vous que l’intrigue (enfin, le nom du / de la coupable) du premier roman de la série (L’homme chauve-souris) est dévoilée dans celui-ci. Le pire auto-spoil de ma vie.

De ce que j’ai compris, l’inspecteur Harry Hole était alcoolique (peut-on parler d’alcoolisme au passé ?), mais c’est sobre qu’il enquêtera dans ce roman. Nous voilà donc en hiver, plutôt logique pour les bonhommes de neige, n’est-ce pas ? L’idée qu’une chose aussi enfantine et par conséquent innocente qu’un bonhomme de neige soit au cœur de l’intrigue m’a bien plu. On retrouve cette idée dans le roman « Octobre » de Søren Sveistrup, avec son bonhomme en marron (ne comparons pas les deux livres, je peux donner mon vainqueur sans la moindre hésitation, et ça m’embête un peu). Bref, l’idée me plaisait, mais. Vous le savez, un « mais » ce n’est pas bon.

Mais voilà : quelques longueurs dans le roman m’ont empêché de l’apprécier pleinement. Par ailleurs, je trouve que l’inspecteur ne cherche pas vraiment, les indices tombent du ciel, comme ça… Quelle chance ! Pour lui, pas pour le ou la coupable bien évidemment.

Par ailleurs, à vouloir faire dans « mindfuck littéraire » qui est maintenant à la mode, l’auteur a choisi un ou une coupable parmi les personnes les plus insoupçonnables. Insoupçonnables, pas tant que ça finalement. Nous comprenons bien avant Harry Hole qui il va devoir boucler, ce qui rend la fin un peu moins passionnante.

Je garde malgré tout une bonne impression de ce livre. L’explication, bien qu’un peu « servie sur un plateau », reste scientifique et acceptable par la lectrice que je suis. J’ai passé un bon moment en lisant ce livre (sauf le moment du spoil, où mon visage est passé par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel – PS : j’ai « L’homme chauve-souris » juste après, histoire de confirmer qu’il s’agissait bien de la personne évoquée, que dis-je, désignée dans ce roman… Et bah ouais ! C’est le cas, et ça je ne le pardonne pas à l’auteur ! 😉).

Anecdote : Roman adapté en film en 2017 ! ⛄ Je vous en parle prochainement sur le blog.

Bonne lecture ! Signé C.

L’orme aux loups – Thierry Berlanda

Résumé : L’orme aux loups est un lieu-dit de vignes et de forêts, au pied de la colline de Sancerre. Quelques années après le terrible siège de la ville protestante par les troupes du catholique duc de Bourges, une série de meurtres particulièrement sauvages mettent la ville sous pression. Les soupçons se portent d’emblée sur Fondari, un montreur d’ours de passage, mais les rivalités entre les détenteurs de l’autorité politique et morale, laissent entrevoir bientôt d’autres hypothèses.

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Note personnelle : ★ ★ ★ ★ ☆

Avis : J’ai craqué en voyant ce roman sur sa petite étagère. Nul besoin de lire le résumé. La raison ? J’adore les loups, et les animaux de la forêt en général… Écureuils, hiboux, ours, loups, renards, j’ai un mal fou à leur résister.

Un roman policier de moins de deux cent pages, ça se dévore rapidement (comme un muffin au goûter). Parfait pour la saison, cette histoire se déroule en hiver… Nous y découvrons Fondari, personnage principal qui va connaître quelques déboires avec « la justice de l’époque », car nous serons catapultés en 1584, à Sancerre… Petite anecdote : Sancerre existe, il s’agit d’une commune française située dans le département du Cher (les amateurs de vins devraient connaître). Grosso modo, c’est en plein milieu de la France. Revenons à nos moutons, ou plutôt à nos ours ! (Il va falloir que je cesse de la faire celle-là…).

Fondari est un montreur d’ours. Fondari était précédé par sa propre légende, celle d’un voyageur mystérieux, noir de cape et de chapeau, et de son croque-mitaine. Il arrive donc à Sancerre, avec son ours dans sa cage, un soir d’hiver. Chacun s’écartait des nouveaux venus avec méfiance. Des femmes se détournaient pour échapper à l’odeur de la bête ou à son œil assurément maléfique, d’autres fustigeaient leurs enfants trop curieux d’apercevoir le monstre écrasant sa truffe sur les interstices du haquet, d’autres encore bâclaient un signe de croix en se repliant dans leurs bauges. Une fois au chaud dans l’auberge, le montreur d’ours commande de la nourriture et un lit. Le repos fut bref, une femme entre paniquée dans la salle, hurlant que les loups ont pris son enfant. Les clients se détournent d’elle, convaincus que la petite n’est déjà plus en vie. Seul Fondari accepte d’apporter son aide à la femme. Malheureusement, arrivé à l’extérieur, il s’aperçoit avec effroi que la cage de l’ours est éventrée et désespérément vide.

Fondari est emprisonné sans le moindre jugement, son ours est obligatoirement à l’origine de la disparition de l’enfant. Il sera également accusé d’autres crimes qui vont avoir lieu sur une courte période. Je n’entre pas plus en détail dans l’histoire, mais je peux vous le dire : vous tiendrez entre vos mains une enquête vraiment intéressante. Ce roman, c’est du skip, petit et puissant ! Je n’ai pas été déçue que l’histoire ne tourne pas entièrement autour des loups (parce qu’effectivement, avec ce nom je m’attendais à en croiser à tous les chapitres). Une charmante lecture que je conseille aux amateurs de romans policiers.

Anecdote : Un achat compulsif durant mes courses. 🧼🧀🍗📖🍎🥦🧴

Bonne lecture, Signé C.