L’île du Docteur Moreau – Herbert George Wells

Résumé : Il a un nom, Edward Prendick, mais l’île sur laquelle il échoue après le naufrage de son bateau n’en a pas. C’est une île des mers du Sud peuplée de créatures étranges, « extraordinairement laides », douces et repoussantes à la fois, qui semblent dominées par un mystérieux personnage, le docteur Moreau.

Note personnelle : ★ ★ ★ ★ ★

Avis : Pour ceux qui l’ont lu (ou ceux qui aiment le spoil), je vais résumer l’histoire avant de donner mon avis.

L’histoire commence à bord d’un petit canot où Edward Pendrick se meurt. Il est sauvé par Montgomery, un biologiste qui lui explique vivre sur une île qui n’a pas de nom, et sur laquelle le navire est en train d’apporter des animaux. L’homme est accompagné d’un serviteur a l’aspect étrange, que l’équipage craint et maltraite. Le bateau arrive enfin près de l’île sans nom. Le capitaine, qui est également un ivrogne notoire, le chasse. Edward est obligé de se réfugier sur l’île malgré les réticences de Montgomery. Edward rencontre ensuite le docteur Moreau. Son nom lui est familier. Il se souvint d’avoir lu une brochure parlant de lui « Il avait fait connaître, sur la transfusion du sang, certains faits des plus étonnants et, de plus, il s’était acquis une grande réputation par des travaux sur les fermentations morbides.« , il avait ensuite dû quitter l’Angleterre, car ses expériences avaient été jugées inutilement cruelles. Edward fuit ensuite la petite chambre dans laquelle il est logé, indisposé par les hurlements de douleur d’un puma, qu’il imagine est vivisecté. Lors de sa « balade », il rencontre un homme curieux, qui boit en lapant dans la rivière près de laquelle il s’est réfugié. De fil en aiguille, après avoir découvert ce qui ressemblait à une femme torturée dans le laboratoire, puis une fuite et la découverte d’autres êtres particulièrement hideux et étranges, Moreau et Montgomery sont disposés à lui expliquer ce qu’ils font sur cette île. Le docteur Moreau pratique en effet des vivisections sur des animaux, dans le but d’en faire des humains. Il façonne leurs corps, leurs visages, leurs cerveaux et tente de les éduquer. Parfois il mixe les animaux, aussi, il y a sur l’île des créatures humanoïdes faites par exemple d’ours et de loups, ou un taureau rendu humain, des chiens « humanisés » également. Lors d’un accident durant lequel la femelle puma s’échappe, Moreau décède, tué par cet animal qu’il torturait encore quelques heures plus tôt. La tragédie de cette mort réside surtout dans le fait que les créatures créées par le docteur n’étaient dociles que parce qu’elles le craignaient et se pliait aux règles qu’il avait instaurées. Edward tente de reprendre le flambeau et de se placer en « maître » pour se protéger. Montgomery, qui était déjà alcoolique, ne se sentant à sa place ni dans la société et n’ayant plus le Docteur Moreau à ses côtés pour lui donner une raison de rester sur cette île, noie son chagrin dans le cognac et décide de faire boire quelques créatures hybrides. Il mourra à son tour de cette décision, après avoir détruit les embarcations, condamnant son compagnon à rester sur l’île. Edward finit par dresser trois créatures dont un homme-chien, qui deviendra un protecteur dévoué. Il va vivre quelques temps parmi les bêtes, mais celles-ci perdant leur humanité pour retrouver leurs instincts primaires, il retourne se créer un campement dans les ruines du laboratoire. Il arrivera finalement à quitter l’île du Docteur Moreau grâce à une embarcation dans laquelle il trouve deux hommes morts depuis longtemps. Un bateau le récupère au bout de trois jours et le dépose à San Francisco. Malheureusement il ressort traumatisé de cet épisode, craignant les humains, voyant en eux trop de similitudes avec les animaux, il finira sa vie dans un petit village.

Un résumé assez long finalement… Et fermant ce livre je comprends totalement que H. G. Wells soit une référence en science-fiction !

Pour parler des « créatures hybrides », je dois avouer, même si ce n’était pas ce que je recherchais en lisant ce roman, qu’elles ne m’ont pas le moins du monde effrayée parce que malheureusement, je n’arrivais pas du tout à les imaginer. Quand Wells s’attarde sur un détail de leur physique, ça va, mais globalement, je ne voyais pas à quoi ça pouvait ressembler un homme-léopard, ou une femme-loup… Je voyais surtout des corps à la peau proche de celle des humains mais difformes, avec des masques d’animaux. Comme dans les mangas de Yoshiki Tonogai (Doubt et Judge). Et pour les hommes-taureaux, je voyais bien une sorte de minautore. Je me demande s’il s’est inspiré de la mythologie grecque pour cette histoire. Ce qui m’a effrayée par contre, c’est d’imaginer les vivisections et la douleur des animaux. Je déteste cette idée de torturer pour la science.

Et d’ailleurs, cette histoire de science-fiction qui donne des frissons, nous fait nous poser des questions. Notamment sur le côté éthique. Est-ce que c’est légitime de faire souffrir des animaux pour répondre à la question « Qu’est-ce que l’humanité », parce que je pense que c’est la vraie interrogation de ce livre. Wells nous donne une réponse, ou plutôt, en élimine certaines avec son histoire.

En effet, le Docteur Moreau façonne le corps et le cerveau des animaux pour leur donner un aspect humain, il tente de les éduquer ensuite, pourtant leur instinct revient systématiquement. Ils perdent peu à peu l’usage de la parole, se remettent à marcher à quatre pattes, et leur corps se couvre à nouveau de poils. Dans ce cas de figure, pour Wells, l’humanité n’est pas une question de physique, ni de cerveau, bien qu’il soit possible de rendre ses animaux proche des humains pendant un certain temps (il garde quand même certaines habitudes). Au début, nous apprenons que le Docteur Moreau avait également fait des expériences sur le sang, mais, étant donné l’échec des autres expériences, on peut en conclure que Wells a décidé que ce n’était pas plus dans le sang qu’ailleurs. Peut-être est-ce dans l’ADN ?

Je n’ai pas de réponse mais je ne peux que conseiller ce roman qui se lit très facilement et qui cache derrière ce texte une question intéressante. Ou sinon, vous pouvez juste vous poser la question mais ce serait passer à côté d’un classique de la science-fiction. 🤷‍♀️

Lu dans le cadre du Pumpkin Autumn Challenge 2021, menu « Automne enchanteur », catégorie « Nom d’une dune » (Écologie, anticipation, science-fiction, post-apocalyptique).

Bonne lecture ! Signé C.

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Le deuxième sexe – Simone de Beauvoir

Résumé : « Nous commencerons par discuter les points de vue pris sur la femme par la biologie, la psychanalyse, le matérialisme historique. Nous essaierons de montrer ensuite positivement comment la « réalité féminine » s’est constituée, pourquoi la femme a été définie comme l’Autre et quelles en ont été les conséquences du point de vue des hommes. Alors nous décrirons du point de vue des femmes le monde tel qu’il leur est proposé ; et nous pourrons comprendre à quelles difficultés elles se heurtent au moment où, essayant de s’évader de la sphère qui leur a été jusqu’à présent assignée, elles prétendent participer au mitsein humain. » Simone de Beauvoir.

Note personnelle : ★ ★ ☆ ☆ ☆

Avis : J’ai arrêté la lecture au milieu de la seconde partie… Cet essai m’a été présenté comme une sorte de « Bible de la femme », quelque chose qu’il fallait absolument avoir lu dans sa vie. J’admire ceux qui sont allés au bout ! Je ne le trouve absolument pas accessible. Je suppose qu’il n’a pas été écrit dans le but d’avoir un succès fou et je me demande comment il l’a obtenu.

Dans la première partie, que j’ai lu, Simone de Beauvoir parle essentiellement de biologie. Dont la reproduction, les menstruations, les différences physiques entre les hommes et les femmes, et jusque là, on ne peut pas lui donner tort. Ce sont des faits. Sa conclusion est que la femme est physiquement moins forte que l’homme, mais que ce fait n’explique pas pourtant la place actuelle de la femme dans la société. Si j’ai bien compris… Et j’en doute, parce que le temps que je m’assure d’avoir compris correctement une phrase, j’avais oublié la précédente.

Après toute la partie sur la reproduction, où elle dément plusieurs anciennes théories, elle termine sur une conclusion qui me plait bien.

Nous concluons donc que fondamentalement le rôle des deux gamètes est identique ; ils créent ensemble un être vivant dans lequel tous deux se perdent et se dépassent.

Simone de Beauvoir – Le deuxième sexe

Pour ceux qui ne connaitraient pas le mot « gamète », il s’agit des cellules reproductrices mâles ou femelles qui contient un seul chromosome. Pour bien comprendre, le gamète mâle est le spermatozoïde et le gamète femelle est l’ovule.

La suite est intéressante également. Simone de Beauvoir cherche à expliquer pourquoi on ne peut pas définir le mâle comme porteur de spermatozoïdes et la femelle comme porteuse d’ovules, à l’aide d’exemples des types de reproduction, comme celle des papillons, des pucerons, des végétaux, des araignées, des crapauds… Puis elle démontre aussi, que la place de la femme n’est pas à la couizine, en prouvant que l’éducation de la progéniture, si, pour la plupart des mammifères incombe certes à la femelle, ce n’est pas le cas partout. Quoi qu’elle dit également que « nous » (les femmes) sommes plus asservies par « la nature » (par exemple par la grossesse qui dure 9 mois, puis l’allaitement et même le cycle menstruel) que ces messieurs. Ce qui en soit, ne me semble pas faux du tout (même si inexplicablement, ça m’énerve de lui donner raison).

Vient ensuite un passage que j’ai trouvé encore plus violent que le reste. Même si « le reste » est une vision trop sombre de la condition des femmes pour moi (en lisant ça, j’ai l’impression qu’on souffre continuellement, je n’ai même plus envie d’être une femme).

Mais c’est surtout chez les oiseaux et les mammifères qu’il s’impose à elle ; très souvent elle le subit avec indifférence ou même elle lui résiste. Fût-elle provocante, consentante, c’est lui de toute façon qui la prend : elle est prise. Le mot a souvent un sens très précis : soit parce qu’il possède des organes adaptés, soit parce qu’il est le plus fort, le mâle la saisit, l’immobilise ; c’est lui qui effectue activement les mouvements du coït ; chez beaucoup d’insectes, chez les oiseaux et chez les mammifères, il la pénètre. Par là elle apparaît comme une intériorité violée.
[…] Sa domination s’exprime par la posture du coït : chez presque tous les animaux le mâle est sur la femelle. Et sans doute l’organe dont il se sert est matériel lui aussi, mais il se découvre sous son aspect animé : c’est un outil ; tandis que dans cette opération l’organe femelle n’est qu’un réceptacle inerte. Le mâle y dépose sa semence : la femelle la reçoit. Ainsi, bien que jouant dans la procréation un rôle fondamentalement actif, elle subit le coït qui l’aliène à elle-même par la pénétration et la fécondation interne ; bien qu’elle éprouve le besoin sexuel comme un besoin individuel, puisqu’en rut il lui arrive de rechercher le mâle, l’aventure sexuelle est cependant vécue par elle dans l’immédiat comme une histoire intérieure et non comme une relation au monde et à autrui.

Simone de Beauvoir – Le deuxième sexe

Bon, soit, c’est sûrement vrai pour les oiseaux. C’est sûrement vrai pour les humains aussi. Je vais m’arrêter là… La lecture n’était vraiment pas agréable et en temps que femme, je l’ai trouvé déprimante. Je ne peux pas dire que Simone de Beauvoir dit des choses fausses, mais sa vision ne correspond pas du tout à la mienne.

Je crois qu’au final, lorsqu’on ferme le livre en l’ayant lu en entier ou non, on doit arriver à la même conclusion. C’est-à-dire, il n’y a pas de définition de la femme, pas plus que de l’homme, qu’il n’y a pas de raison que la société fasse des différences entre nous, et qu’il faut vivre sa féminité comme on le veut et comme on le peut.

Lu dans le cadre du Pumpkin Autumn Challenge 2021, menu « Automne enchanteur », catégorie Princesse princesse (Inclusivité, LGBTQI+, féminisme).

Bonne lecture ! Signé C.

Pigpen – Kim carnby

Résumé : Le protagoniste se retrouve à la dérive sur une île inhabitée, où une mystérieuse famille apparaît devant lui.

Note personnelle : ★ ★ ★ ★ ☆

Avis : Je pensais n’avoir sélectionné que des mangas terminés, malheureusement celui-ci est encore en cours. Il y a 19 chapitres disponibles en ligne actuellement. D’ailleurs je parle de « manga » mais il s’agit d’un « manhwa » (bande dessinée coréenne).

J’aime énormément le design de Pigpen. Les couleurs ne sont pas très vives, souvent froides, excepté quand ils font ressortir des lumières (soleil, lune ou éclairages divers). Il est principalement fait en nuance de bleu-gris (il y a quand même de la couleur, j’exagère un peu) et teinté de rouge lorsqu’il s’agit d’un souvenir. Le design des personnages, notamment au niveau des expressions de leurs visages, mérite des félicitations également. Une autre petite anecdote visuelle que j’aime beaucoup, à un moment donné nous voyons un personnage avec des jumelles, par lesquelles nous voyons également. Lors des déplacements des jumelles d’un point à un autre, nous avons un flou sur le décor. Un détail qui donne déjà, beaucoup de mouvement et de vie aux dessins, et puis mince c’est stylé quand même !

Parlons de l’histoire. Un jeune homme se réveille sur une île suite à un accident. Il trouve une boite aux lettres (WTF ?!) puis en continuant son exploration, une maison qui semble habitée. Sans transition, il se réveille à nouveau mais dans une chambre. En sortant, il tombe sur une femme en train de nettoyer le sol. Rien d’exceptionnel (quoi que) jusqu’ici. La femme lui explique qu’ils l’ont trouvé dans le jardin, que c’est un hôtel.

Une fois à table, il rencontre le reste de la famille. Et quelle famille ! La mère bien que souriante semblait nettoyer du sang sur le sol, le père est un croyant (trop) strict, la fille aînée est une séductrice bipolaire, la cadette tue des animaux, et le grand frère semble complètement perdu dans son monde. En partageant leur repas, il s’inquiète de la provenance de la viande qui lui est servie. La famille lui assure qu’elle vient des porcs de leur élevage (personnellement, je la trouve très rouge et saignante pour du porc, mais peut-être que ça vient du dessin). Ils lui servent également un thé qui lui aussi est de couleur rouge, cette fois, l’aînée lui dit qu’il s’agit d’un thé à la cerise. N’étant pas totalement convaincu par les explications, le jeune homme va profiter que la maîtresse de maison accepte son aide en cuisine pour voler un couteau. Acte non sans conséquence, puisque celle-ci va ensuite le harceler pour le récupérer. Un autre détail dérange le héros, tous évitent la question lorsqu’il demande le nom de l’île. Ils lui garantissent également qu’il n’y a ni téléphone, ni ordinateur sur l’île.

Ensuite… Ensuite, je me suis un peu perdue. C’est le but de ce manhwa. C’est-à-dire qu’on ne sait pas qui est un allié, qui est un ennemi, qui ment, qu’est-ce qui est vrai ou faux. Bref. Nous croisons un homme qui semble être un employé, lui aussi à des comportements totalement différents d’un moment à l’autre. Il semble penser que la famille est composée de psychopathe mais leur obéit, et indique même au jeune homme qu’il faut impérativement leur être utile. Il lui confie qu’il a mangé de la viande humaine avant d’exploser de rire et lui dire que c’est une blague.

Romi la fille aînée n’est pas mieux, elle lui dit que ce n’est pas sa vraie famille, qu’elle veut quitter l’île et lui demande son aide. Il l’aide donc à s’échapper et elle revient après avoir fait du shoping, en lui offrant une bouteille de désherbant (qui par ailleurs est un puissant poison). Il trouve aussi des photos pixelisée avec un chiffre au dos, il trouve un téléphone et contacte des secours qui lui disent que sans le nom de l’île ils ne peuvent rien faire. Bref.

Il y a également une histoire avec un livre vierge, qui finalement ne semble plus l’être quand le fils lui lit un passage. Nous ne savons pas en somme. Est-ce que le héros est fou ? Est-ce qu’il y a vraiment un problème avec cette famille ? Qui sont vraiment ces gens ?

Je vous ai dit qu’il était amnésique ? Le héros ne sait pas pourquoi, ni comment, il est arrivé sur l’île. Un passage m’a offert une hypothèse que l’avenir confirmera peut-être. Nous voyons dans un restaurant, une télévision où sont diffusées informations qui parlent d’une star portée disparue (l’employé de l’île) et nous voyons également un jeune en mode DarkSasukeDu59. Je pense donc, qu’il est fort probable que notre héros soit une espèce de détective privé à la recherche de cette fameuse star, recherches qui l’auront conduit à proximité de l’île où malheureusement il a un accident, se retrouve amnésique et piégé.

J’attends la suite avec impatience… Je ne me suis pas informée sur les prochaines sorties. Je penserais sûrement à regarder au prochain Pumpkin Autumn Challenge. D’ici là, je vous conseille de commencer la lecture si vous vous sentez capable de supporter l’attente !

Lu dans le cadre du Pumpkin Autumn Challenge 2021, menu « Automne frissonnant », catégorie Double, double, toil and trouble (Sorcière, pièce de théâtre, prophétie, tragédie)

Bonne lecture ! Signé C.

Aime ton prochain – Chida Daisuke

Résumé : Kazumi Ichinose est un lycéen de seize ans. Il y a six ans, sa vie a basculé dans l’horreur lorsque Saki Mido, une camarade de classe de l’époque, s’est entichée de lui. Depuis, l’adolescent vit un véritable enfer à cause de cet amour à sens unique que lui voue la jeune fille. En effet, d’une jalousie maladive, cette dernière ne laisse derrière elle qu’un torrent de sang et de larmes, et même un cadavre… Peut-on continuer à vivre quand on est aimé par le Mal incarné sur qui la raison et la morale n’ont aucun effet ?

Note personnelle : ★ ★ ★ ★ ★

Avis : Voilà un manga qui m’a sacrément marqué. L’article va être 100% spoil. Pour ceux qui ont eu la chance de le lire, ça va vous rafraichir la mémoire. Pour les autres, filez vite le découvrir !

Une pré-adolescente Saki Mido (11 ans tout juste) est « amoureuse » d’un garçon de son âge, Kazumi Ichinose, qui est en couple avec Fumika Nimi. Au détour d’une conversation Mido demande à Kazumi s’il aurait accepté de sortir avec elle si Fumika n’existait pas ou s’ils s’étaient rencontrés avant. Innocemment il répond que oui… C’est le début de l’enfer. Mido, âgée rappelons-le de tout juste onze ans, tue Fumika en lui tranchant la gorge avec un cutter, puis demande toute contente à Kazumi si maintenant elle peut devenir sa petite amie. Normal.

Six ans plus tard, alors que Kazumi n’a plus de nouvelles de Mido (qui est en centre de rééducation pour jeunes), tombe amoureux d’une autre adolescente. Mido refait surface, la kidnappe et la torture. Ce n’est pas tout, ça serait trop facile. Et c’est d’ailleurs là que ça devient extrêmement glauque (ha bon, ça l’était déjà ?!). Je vous assure qu’à ce moment-là on passe un cap au niveau de l’horreur. Mido s’empare du portable de Yotsuya (la petite amoureuse de notre héros) et contacte Kazumi pour le forcer à venir dans l’école où elle a tuée Fumika (et où elle vient de torturer Yotsuya). Le jeune homme arrive et à force de menaces contre sa petite amie, elle obtient de lui qu’il lui offre sa virginité. Oui oui. Nous parlons bien d’un viol. Mais comme si ce n’était pas assez malsain comme ça, elle le force à avoir ce rapport dans la classe où elle a commis son premier crime et devant l’urne qui contient les cendres de Fumika, qu’elle a volés. Normal.

Après tout ça, nous n’en sommes qu’à la fin du chapitre 12, sur 73 chapitres. J’espère que vous avez l’estomac bien accroché pour la suite.

Je vous raconte encore un peu. Évidemment, Kazumi après ces évènements, refuse de s’investir dans une relation amoureuse et cumule les coups d’un soir ou de plusieurs soirs d’ailleurs. Le jeune homme attend avec impatience le moment où Mido refera surface pour la tuer, pour venger Fumika et Yotsuya. Il a d’ailleurs engagé des détectives pour retrouver la retrouver. Au bout de cinq ans, Mido est repérée. Le jeune homme, accompagné de la petite sœur de Yotsuya va à sa rencontre. Surprise motherfucker, Mido est amnésique. La grande méchante, celle qui doit payer pour ses crimes, ne s’en souvient justement pas. Et c’est le drame. Est-ce qu’il ‘est juste de punir une personne qui ne se souvient plus de ses crimes ? Punir une personne qui est devenue inoffensive. Est-ce que l’on peut réellement considérer qu’il s’agit de la même personne ? Si nous partons du principe que nos souvenirs font ce que nous sommes, alors, Mido devenue amnésique n’est plus une criminelle. C’est ainsi que la petite sœur de Yotsuya va convaincre de laisser tomber sa vengeance. Elle va également partir toute une soirée et une nuit chez Mido pour lui rappeler qui elle est. Personnellement, je suis mitigée. Je me dis que certes, elle est amnésique, et après ? Ce n’est pas parce qu’elle ne s’en souvient pas qu’elle n’a pas commis ces crimes… J’ai souvent du mal à trancher dans ce genre de situation. La frustration des victimes me pousse vers la punition, l’amnésie du bourreau vers le pardon. Je vous laisse choisir votre camp, ou rejoindre le mien « Le club du Bwaaaaah Chaipatro ».

Vous pensiez que c’était terminé ? J’ai annoncé 73 chapitres ! Prenez une grande inspiration, un Nausélib et continuons. Au petit matin, Mido se ramène avec Shiho (la petite sœur de Shino Yotsuya) pour les accompagner sur le voyage du retour. Et oui, cette garce à retrouvé la mémoire. Toute la nuit, elle a torturé la pauvre Shiho et continue même dans le train. Elle s’installe chez un Kazumi qui semble résigné, prêt à accepter la souffrance de vivre avec la démone. Elle lui confisque son téléphone, surveille toutes ses sorties, quant à lui il s’impose des règles pour ne pas la contrarier. Vous pensez que ça ne peut pas être pire ? Kazumi s’autorise une sortie avec un ami et tombe sur une ancienne fréquentation. La jeune femme a l’air terrifiée lorsqu’elle le voit. Elle lui dit qu’elle n’a pas le droit de lui parler et fond en larmes. Il rentre extrêmement énervé chez lui et demande à Mido si elle a rendu visite à l’une de ses anciennes conquêtes. Mido lui dévoile toute une série de carte SD où elle se filme en train de torturer ces femmes. Je ne sais plus si c’est 26 ou 27 mais nous sommes d’accord, une, c’est déjà trop. Kazumi pète littéralement un plomb et tente de tuer Mido. C’est un échec. Il aurait mieux valu qu’il ne fasse rien ou qu’il réussisse, parce que cette tentative le met dans une position très inconfortable. Oui oui, Mido va l’enchaîner et le torturer. Le pire dans tout ça, c’est qu’elle y prend beaucoup de plaisir. Alors que nous étions au comble de l’horreur, je me suis aperçue que nous n’étions qu’au chapitre 37. Là, j’ai fait une petite pause pour respirer. Vous l’avez compris, elle le séquestre pour le soumettre, en espérant par ailleurs qu’il finisse par avoir des sentiments pour elle (le fameux syndrome de Stockholm), mais elle ne le torture pas pour cette raison. Ces douleurs physiques qu’elle lui inflige sont réalisées dans le cadre de sa sexualité. Je pense qu’on peut raisonnablement dissocier la pratique sexuel et les sentiments. Ce qui reste extrêmement gênant (inacceptable en fait), c’est qu’elle ne lui laisse pas le choix. Je veux bien accepter l’idée que les gens aient des pratiques étranges, mais nous sommes d’accord (je l’espère), tous les partenaires doivent être consentants. Enfin, dans une histoire aussi glauque, je suppose que c’est « normal ».

Dernière partie, celle où Kazumi s’échappe, traque Mido et enfin la capture. J’ai sauté quelques passages, mais je les trouve moins important que cette fin. Même si c’était intéressant de voir ce jeu de manipulation et de constater que celui qui a le plus d’informations triomphe sur l’autre. Revenons à la capture. Kazumi et ses alliés emmènent Mido dans l’ancienne école, là où tout à commencé. Le jeune homme passe ses nerfs sur elle, ce qui est tout à fait compréhensible. Il allait d’ailleurs la tuer lorsque Yotsuya (et oui, sa petite amoureuse du lycée, qui a été torturée et qui s’est enfermée chez elle depuis ce jour) arrive et l’en dissuade. C’est juste trop mignon, trop touchant, j’ai peut-être un peu pleuré mais ne dites rien à personne. Finalement ils la dénoncent à la police, ce qu’ils n’avaient pas encore fait (excepté à 11 ans quand elle a tuée Fumika mais c’est un adulte qui l’a découvert). Kazumi et Yotsuya finissent ensembles, fin parfaite !

J’ai encore quelques petites choses à dire, même si l’article est déjà gigantesque. Premièrement, Mido, notre grande méchante… Et bien, je crois que quelque part je comprends sa jalousie. Je comprends l’humaine mais je condamne fermement l’acte (les actes même). Elle veut absolument Kazumi pour elle, mais surtout elle veut compter pour lui, quitte à mourir de sa main pour rester à jamais dans son esprit. Vous remarquerez que je n’ai jamais parlé d’amour entre Mido et Kazumi. Excepté au tout début où j’ai pris soin de mettre des guillemets autour du mot « amoureuse ». Pour moi Mido ne sait pas ce qu’est aimer. Tout ce qu’elle fait c’est pour que Kazumi soit à elle. Mais aimer est très différent de posséder.

Ensuite, le fait qu’ils n’aient pas contacté la police m’a surprise, mais je pense que soit c’est pour que l’histoire puisse exister, soit c’est une question de culture. En effet, Mido prenait soin de filmer ses séances de tortures, les filles étaient déshabillées, humiliées et devaient parfois même se rabaisser en disant à quel point elles sont minables d’avoir eu des rapports sexuels avec Kazumi. S’il arrivait quelque chose à Mido, les vidéos auraient été dévoilées. Bon… Déjà à aucun moment (sauf si je suis passée à côté) ils ne disent de quelle façon elle les aurait publiées. Peut-être avec l’aide de l’infirmière (je ne l’ai pas évoquée dans l’article mais elle est sa complice sous influence du chantage et de la torture). Honnêtement ça me parait bizarre, à moi, en tant que française, de ne pas la dénoncer par peur de voir ces vidéos faire surface. Ce ne sont pas des vidéos honteuses, ce sont des preuves des crimes de Mido à mes yeux.

Je conclus enfin l’article ! Ce manga était très prenant mais très malsain. Cela dit, même si je n’ai pas terminé mes lectures du Pumpkin Autumn Challenge, jusqu’ici c’est de loin la meilleure. Je ne peux que la conseiller (aux personnes peu sensibles, ou aux personnes équipées pour affronter la pire noirceur de l’humanité).

Lu dans le cadre du Pumpkin Autumn Challenge 2021, menu « Automne frissonnant », catégorie « Le folklore de Chipenden » (Créature surnaturelle, fantastique, obscure, fantasy)

Bonne lecture ! Signé C.